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Soutenance de thèse d'Abdelkader Belkhiter – Lettres et arts spécialité littératures française et francophone

Soutenance / Recherche

Le 9 décembre 2022

Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire

La nouvelle féminine d'expression française en Algérie dans les années 90 : entre imitation et créativité

Résumé

La littérature maghrébine d'expression française, dominée par des noms d'hommes, a aussi donné aux femmes telles Fadhma Aïth Mansour Amrouche, Leïla Aouchal, Assia Djebar, Maïssa Bey, Leïla Sebbar le droit à la parole et à l'expression libre afin de leur permettre d'imposer leurs noms et leurs écritures qui sont diversifiées. En effet, ces femmes algériennes occupent le terrain, avec talent et provocation, tendresse et ironie. Le temps de l'effacement est donc révolu. Ces écrivaines femmes n’ont pas attendu les années 1980 pour écrire, s’exprimer et créer car la littérature féminine algérienne, comme toute littérature, se construit en fonction d'antériorités : les écrivaines algériennes ont créé, tout d'abord, dans l'oralité, traduisant par la voix et le geste, les émotions, les sentiments et leur être au monde. Cette antériorité ancestrale est constituée de poèmes dits et chantés, de contes et de proverbes transmis d'une génération à l'autre, d'improvisations rituelles, de légendes et de chroniques. Les écrivaines vont entretenir avec cette tradition orale et écrite une relation de déférence, une relation de reproduction, une relation de transformation. 

L'écriture, pour ces nouvellistes, est en effet Vie, Création et Espoir. Elle est devenue un outil de combat pour briser le silence. Elles peignent le quotidien du peuple algérien, ses souffrances, ses angoisses bien qu’elles soient menacées tantôt par les intégristes, tantôt par l’État. Ainsi, par une écriture innovante, ces femmes nouvellistes refusent de se laisser enfermer dans la vieille distinction réalité/irréalité. 

Par des textes de fiction-témoignage, inévitables dans ces années de cendres et de sang, les nouvellistes décrivent avec force et précisions les gens, leurs sentiments, le dur quotidien des femmes dans une société déchirée par les tabous et bouleversée par la propagation rapide de l’idéologie islamiste. L’Algérie retombe dans d’autres formes de violence qui conduisent à des confrontations sanglantes quarante ans, presque, après son indépendance. De tels événements tragiques, qui ont secoué le pays depuis 1990, ont suscité une nouvelle littérature algérienne qualifiée de « Littérature de l’urgence ». Cette littérature est un témoignage sur un moment brûlant de la conjoncture historique en Algérie : écrire dans une situation d’urgence est un acte d’engagement et de dévoilement d’une réalité explosive avec des « mots » disant le refus de toute complicité confortable ou de toute subordination. 

En effet, « la nouvelle féminine d’expression française en Algérie dans les années 1990 : entre imitation et créativité » est une réflexion sur l’écriture de la nouvelle d’Algérie de la dite période. 

« Destinée à des lecteurs adultes » selon Thierry Ozwald, la nouvelle se distingue du roman par le nombre d'éléments qu'elle met en œuvre. Elle limite le nombre des personnages, des événements, des données spatio-temporelles. Tous les fils du récit sont noués à un élément central, à un instant privilégié. Le roman serait le domaine du temps dans sa durée, la nouvelle celui du temps concentré autour de l'instant. Sous sa forme la plus dépouillée, la nouvelle devient ce que les Anglais dénomment la « short short-story », un récit extrêmement bref, réduit au compte-rendu neutre et laconique d'une scène. 

Les récits des nouvellistes algériennes sont fortement centrés sur la problématique féminine, ils sont marqués par une syntaxe raffinée et au rythme lent, donnant naissance à une écriture créative, sobre et aérée ; « une écriture qui hante la réalité de surface – ce “matériau ordinaire” – qui la marque au plus près, qui la restitue sans jamais tenter de s'y substituer ». Les nouvellistes décrivent alors les événements et les choses comme ils leur apparaissent, c’est une réalité relative.

Composition du jury

  • Chantal MASSOL (Professeure émérite, Université Grenoble Alpes, Directrice de thèse)
  • Mounira CHATTI (Professeure, Université Bordeaux Montaigne, Rapporteure)
  • Lamia OUCHERIF (Professeure, ENS de Bouzaréah, Rapporteure)
  • Touriya FILI-TULLON (Maîtresse de conférences, Université Lumière Lyon 2, Examinatrice)
  • Claude FINTZ (Professeur émérite, Université Grenoble Alpes, Examinateur)
  • Mohammed Seghir HALIMI (Professeur, Université Kasdi Merbah, Examinateur)

Date

Le 9 décembre 2022
Complément date
14h00

Localisation

Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire

Complément lieu
Maison des Langues et des Cultures
Salle des Conseils

Directrice de thèse

Chantal MASSOL
Litt&Arts, centre CHARNIÈRES

Publié le 5 décembre 2022

Mis à jour le 8 décembre 2022