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Faire entendre la voix d'Homère

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Retenu dans le cadre de l’appel à projet « SFR Création » 2018, ce projet nous invite à écouter la voix d'Homère à travers la traduction et la mise en scène de ses poèmes.

Le projet « Faire entendre la voix d'Homère » fait partie des six projets retenus dans le cadre de l’appel à projet « SFR Création » 2018. Depuis 2014, la SFR Création (anciennement Maison de la création) subventionne des projets interdisciplinaires qui développent de nouvelles approches et méthodes pédagogiques et scientifiques, stimulent le dialogue entre les scientifiques et les artistes, créent des ponts entre les mondes universitaire et professionnel et répondent aux nouveaux enjeux sociétaux. Le laboratoire Litt&Arts a pris part à la naissance du projet de la SFR et il y est particulièrement impliqué de par son rôle d’unité porteuse.

Ce projet veut réaliser une création expérimentale à partir d'extraits des poèmes homériques traduits et mis en scène par un dramaturge contemporain. Son but est à la fois 1) d'analyser le processus de création ; 2) de mettre en lumière les choix stylistiques visant à oraliser le texte d'Homère ; 3) d'analyser ces choix dans la perspective de re-création d'un texte ancien à destination d'un public non-savant. Il est porté par deux enseignants-chercheurs de Litt&Arts, Christiane Louette et Agathe Salha, avec la collaboration de partenaires extérieurs tels que Matteo Capponi, Docteur en littérature classique, traducteur et metteur en scène, la Compagnie théâtrale Stoa (Scène et traduction pour les œuvres anciennes), l'Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité (Université de Lausanne), La Comédie de Valence (contact avec la dramaturge Catherine Ailloud).

Entendre la voix d'Homère aujourd'hui

Que demande notre modernité pour entendre encore la voix d'Homère ? Qu'entendons-nous aujourd'hui de textes écrits il y a trois mille ans dans une langue autre ? Chantés par les aèdes, lus et relus par les poètes, et par des générations de lecteurs, l'Iliade et l'Odyssée ont fait l'objet de traductions et d'adaptations pour la scène ou l'écran, dans une tentative toujours réactualisée de saisir la voix d'Homère, une voix ancienne, mais que chaque génération réinvente, comme en témoigne le succès de la traduction italienne d'Alessandro Baricco ou les récentes adaptations françaises de Luca Giacomoni (Paris, Théâtre de la Villette, 2016) ou de Pauline Bayle (Grenoble, MC2, 2017).

Véritables créations, ces mises en scène des poèmes homériques nous invitent à reconsidérer le rapport au texte original, dans la mesure où la présence du public vaut comme test immédiat de leur capacité à faire entendre la voix d'Homère. Ces spectacles sont en effet intéressants à deux niveaux : celui de la traduction-oralisation d'abord – que garder de la poésie homérique, de ses vers formulaires, de son rythme et de sa pulsation ou des noms sonores et exotiques des héros… ; celui du passage à la scène ensuite – faut-il conserver le « narratif », le « dit » homérique, ou faire le choix d'une récriture dialoguée qui réinvente les personnages et leurs discours, comment concevoir le travail de plateau qui déploie l'œuvre homérique dans un espace scénique…

Traduction et mise en scène

Dans le cadre du programme « Stylistique du texte traduit » (UGA, Litt&Arts, Pascale Roux) qui aborde la traduction comme création et mise en œuvre d'un style du traducteur, les responsables du projet préparent un colloque (novembre 2018) intitulé « Homère pour tous. Stratégies d'appropriation des poèmes homériques », qui interroge l'histoire des traductions de ces poèmes, en mettant l'accent sur les publics visés et sur la valeur créative de cette appropriation. C'est dans ce double cadre – les pratiques créatives des traducteurs, l'appropriation non-savante d'Homère – qu'elles ont invité un traducteur et metteur en scène spécialiste des œuvres de l'Antiquité gréco-latine, chargé de cours à l'université de Lausanne, Matteo Capponi, à réaliser et à mettre en voix/en scène sa propre traduction. Il s'agit de tester en direct et in vivo les deux hypothèses majeures de notre colloque :
 

  • la traduction n'est pas une simple adaptation à un autre public, à un autre temps, elle est création à part entière ; cette dimension créative est d'autant plus visible lorsque le texte ainsi recréé est mis en scène et subit sans médiation l'épreuve du public ;
  • le cas spécifique des poèmes homériques, œuvres tout à la fois orales (composées pour être dites) et écrites (transmises depuis l'Antiquité), patrimoine de l'humanité, constitue un matériau idéal pour cette expérimentation puisque, si l'on ne discute plus la valeur de l'original, on discute toujours (et pour cette raison même) l'autorité et la créativité de telle ou telle traduction.

Étape par étape

Ce projet est conçu en trois temps :
 
  • janvier-juillet 2018 : traduction et récriture d'extraits de l'Iliade choisis par Matteo Capponi dans la perspective d'un travail de mise en scène/mise en voix réalisé avec l'aide de la Compagnie Stoa ;
  • septembre-octobre 2018 : atelier-rencontre animé par Matteo Capponi avec des étudiants de Lettres et d'Arts du spectacle et captation vidéo de la mise en voix/mise en scène de la traduction d'Homère ;
  • novembre 2018 : projection du film réalisé lors du colloque « Homère pour tous » (Comédie de Valence, 8-9 novembre 2018) et discussion avec Matteo Capponi et ses comédiens.

> En lien avec le projet
Écoutez un entretien (en ligne sur L'Ouvroir Litt&Arts) avec Pauline Bayle, comédienne et metteure en scène. Malika Bastin-Hammou, Professeure de langue et de littérature grecques, et Christiane Louette, Maître de conférences en littérature française ont rencontrée à l'occasion de la programmation par la MC2 de ses deux spectacles, Iliade et Odyssée (octobre 2017). Le but de cet entretien est de constituer une base de données sur les appropriations des poèmes homériques par la scène contemporaine.

Contacts

christiane.louetteatuniv-grenoble-alpes.fr (Christiane Louette)
agathe.salhaatuniv-grenoble-alpes.fr (Agathe Salha)

Publié le 28 mai 2021

Mis à jour le 28 mai 2021