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Soutenance / Centre ISA
Le 1 décembre 2023
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Penser la communauté dans la postmodernité : polyphonies romanesques (Roberto Bolaño, Patrick Chamoiseau, Toni Morrison, Thomas Pynchon, Jão Ubaldo Ribeiro)
Résumé
En même temps que l’émergence d’une « condition postmoderne » (Lyotard) affectait les cadres de production et de transmission du savoir à la fin du XXe siècle, s’est manifesté dans les sciences sociales un regain d’intérêt notoire pour la notion de communauté. Notre thèse montre que, dans ce contexte, le roman peut être un lieu privilégié pour penser des enjeux collectifs. L’hypothèse initiale va ainsi à l’encontre de deux tendances générales, l’une voyant dans la postmodernité un étiolement des liens entre esthétique et politique, l’autre proclamant que la notion de communauté est devenue obsolète à l’heure des sociétés industrielles et libérales. Elle suppose également de se détacher d’un certain mode de découpage de l’histoire littéraire qui, après Hegel, Bakhtine et Lukács, pense le roman comme le genre de la modernité et de l’individu, et l’épopée comme le genre de l’Antiquité et de la collectivité. L’étude montre la capacité du genre à problématiser, élaborer et projeter la communauté dans la postmodernité, mais constate aussi deux mouvements : une évolution de la notion même de communauté (envisagée ici en dialogue avec les travaux de Nancy, Esposito, Agamben et Lingis majoritairement), et une série de transformations touchant l’écriture romanesque aux prises avec les différentes crises révélées par la postmodernité. Du point de vue littéraire, ces évolutions sont visibles en particulier dans les réactualisations conjointes des genres épique et picaresque, dans un usage renouvelé de l’événement historique, dans une écriture polyphonique et une attention particulière accordée aux plurilinguismes. Ces éléments témoignent à nos yeux d’une intensification et d’une redéfinition inédite des liens entre esthétique et politique à la fin du XXe siècle. Nous percevons leurs échos dans une littérature plus contemporaine qui pose à nouveaux frais la question de la place de l’écrivain dans la cité.
Composition du jury
- Delphine RUMEAU, Professeure, Université Grenoble Alpes, Directrice de thèse
- Emmanuel BOUJU, Professeur, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, Examinateur
- Raul CAPLAN, Professeur, Université Grenoble Alpes, Examinateur
- Henri GARRIC, Professeur, Université de Bourgogne, Rapporteur
- Yolaine PARISOT, Professeure, Université Paris-Est Créteil, Examinatrice
- Tiphaine SAMOYAULT, Directrice d'études, EHESS Paris, Rapporteure
Date
13h30
Localisation
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Médiat Rhône-Alpes
Salle de conférence
Directrice de thèse
Delphine Rumeau
Litt&Arts, centre ISA
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