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Soutenance / Recherche
Le 14 décembre 2018
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
La blessure créatrice : littérature et mysticisme chez Meddeb et Khatibi
Résumé
On a souvent défini le soufisme comme le voyage de l’esprit, dont le but est de chercher la vérité et de percer l’opacité du monde des mystères. Ainsi, dans son interprétation de l’existence, Ibn ‘Arabi estime que le monde est créé à partir d’un souffle divin : « Sois » (Kun), adressé aux êtres afin qu’ils sortent hors de la préexistence pour entamer une existence effective. Cette interprétation laisse admettre que le monde naquit de la langue et que toutes les créatures sont issues de cette parole. Ainsi, l’ordre divin est une parole (kalima) et toute parole est blessante, notamment parce que le mot « kalima » est dérivé du kalam (blessure). Selon Ibn ‘Arabi, le kalam est la trace laissée sur le blessé. Dans ce cadre, l’ordre divin « sois » (Kun), en rendant manifeste les images de la préexistence, devient une blessure créatrice.
Meddeb et Khatibi suivent les mêmes voies qu’Ibn ‘Arabi. Ils ont investi la notion de blessure pour construire une vision du monde. Leur expérience consiste à affranchir l’homme des entraves qui réduisent sa liberté et sa mobilité sous toutes leurs formes. Mais cette expérience s’applique à transgresser la loi pour pouvoir accéder à la vérité. En effet, la vérité que cherchent nos auteurs est différente de la religion et de la raison qui entravent l’homme. Pour transcender le préconçu afin de créer un monde nouveau, Meddeb et Khatibi sont partis de la blessure de la langue puisque la culture arabe est fondée sur la lettre et le miracle linguistique, sur la langue coranique comme idéal. Ils se sont intéressés à la langue, depuis la lettre jusqu’à la phrase et au texte. Dans leur cheminement, ils ont opté pour le mélange des langues, une attitude qui vise à déposséder la langue arabe de sa pureté et de sa vérité divine pour la rendre à l’homme. Afin toujours de rendre la langue à l’histoire, ils sont passés de la langue coranique à la quête d’un autre idéal dans les traces que proposent la poésie antéislamique, l’image du corps, les rituels et les métaphores. Ce métissage linguistique, culturel et religieux aboutit ainsi à une autre vision du monde. En effet, cette autre vision correspond à la reconstitution d’une forme de totalité humaine qui coïncide avec la littérature et la diversité des langues contre une totalité divine incarnée dans le Coran et le mysticisme religieux. Dans cet ordre d’idées, prôner la totalité, l’amour et la reconnaissance de l’autre devient une réponse au conservatisme islamiste et donne une nouvelle image de l’islam, différente de celle brouillée de violence. Ainsi, Meddeb et Khatibi repensent quelques convictions considérées comme fondamentales dans la religion islamique, mais qui la figent dans la violence et l’enfermement. Ainsi, le mysticisme s’écarte de Dieu pour devenir un moyen de penser un humanisme dans un monde en crise.
Composition du jury
On a souvent défini le soufisme comme le voyage de l’esprit, dont le but est de chercher la vérité et de percer l’opacité du monde des mystères. Ainsi, dans son interprétation de l’existence, Ibn ‘Arabi estime que le monde est créé à partir d’un souffle divin : « Sois » (Kun), adressé aux êtres afin qu’ils sortent hors de la préexistence pour entamer une existence effective. Cette interprétation laisse admettre que le monde naquit de la langue et que toutes les créatures sont issues de cette parole. Ainsi, l’ordre divin est une parole (kalima) et toute parole est blessante, notamment parce que le mot « kalima » est dérivé du kalam (blessure). Selon Ibn ‘Arabi, le kalam est la trace laissée sur le blessé. Dans ce cadre, l’ordre divin « sois » (Kun), en rendant manifeste les images de la préexistence, devient une blessure créatrice.
Meddeb et Khatibi suivent les mêmes voies qu’Ibn ‘Arabi. Ils ont investi la notion de blessure pour construire une vision du monde. Leur expérience consiste à affranchir l’homme des entraves qui réduisent sa liberté et sa mobilité sous toutes leurs formes. Mais cette expérience s’applique à transgresser la loi pour pouvoir accéder à la vérité. En effet, la vérité que cherchent nos auteurs est différente de la religion et de la raison qui entravent l’homme. Pour transcender le préconçu afin de créer un monde nouveau, Meddeb et Khatibi sont partis de la blessure de la langue puisque la culture arabe est fondée sur la lettre et le miracle linguistique, sur la langue coranique comme idéal. Ils se sont intéressés à la langue, depuis la lettre jusqu’à la phrase et au texte. Dans leur cheminement, ils ont opté pour le mélange des langues, une attitude qui vise à déposséder la langue arabe de sa pureté et de sa vérité divine pour la rendre à l’homme. Afin toujours de rendre la langue à l’histoire, ils sont passés de la langue coranique à la quête d’un autre idéal dans les traces que proposent la poésie antéislamique, l’image du corps, les rituels et les métaphores. Ce métissage linguistique, culturel et religieux aboutit ainsi à une autre vision du monde. En effet, cette autre vision correspond à la reconstitution d’une forme de totalité humaine qui coïncide avec la littérature et la diversité des langues contre une totalité divine incarnée dans le Coran et le mysticisme religieux. Dans cet ordre d’idées, prôner la totalité, l’amour et la reconnaissance de l’autre devient une réponse au conservatisme islamiste et donne une nouvelle image de l’islam, différente de celle brouillée de violence. Ainsi, Meddeb et Khatibi repensent quelques convictions considérées comme fondamentales dans la religion islamique, mais qui la figent dans la violence et l’enfermement. Ainsi, le mysticisme s’écarte de Dieu pour devenir un moyen de penser un humanisme dans un monde en crise.
Composition du jury
Claude COSTE (Professeur, Université de Cergy-Pontoise, Directeur de thèse) ; Sylvie BRODZIAK (Professeur, Université de Cergy-Pontoise, Rapporteur) ; Sonia ZITNI FITOURI (Professeur, Université de Tunis, Examinateur) ; Mohamed LEHDAHDA (Professeur, Université Moulay Ismaïl de Meknès, Rapporteur) ; Ridha BOULAÂBI (Maître de conférences, Université Grenoble Alpes, Examinateur).
Date
Le 14 décembre 2018
Complément date
14h00
Localisation
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Complément lieu
Salle des Actes
Bâtiment Stendhal
Bâtiment Stendhal
Directeur de thèse
Claude COSTE
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