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Portraits de maudits (XXe-XXIe siècle)

Colloque / Recherche

Du 18 novembre 2022 au 19 novembre 2022

Co-organisé par CHARNIÈRES, ce colloque consacré aux “maudits” depuis la fin du XIXe siècle explorera un autre versant de l'imaginaire de la malédiction : la voie matérielle des images.

L’ouverture de la notice consacrée par Verlaine, en 1884, au premier des « Poètes maudits », Tristan Corbière, fait flotter une incertitude autour d’une notion appelée à passer à la postérité : « C’est Poètes Absolus qu’il fallait dire », précise le poète de Sagesse, avant d’ajouter un peu plus loin : « Absolus par l’imagination, absolus dans l’expression, absolus comme les Reys netos des meilleurs siècles. » Cette redéfinition liminaire, postromantique, cristallise l’ambiguïté fondamentale qui entoure un titre hérité d’une longue tradition, et qui tient davantage de la formule ouverte, de l’étendard hissé à grand fracas, que d’une promesse de définition stable de la « malédiction » littéraire. Le succès de la formule n’en a pas moins érigé le « poète maudit » en figure mythique, puis en poncif d’un certain imaginaire de la poésie moderne, héritier en cela d’une tradition que Jean-Luc Steinmetz avait explorée en 1982 (« Du poète malheureux au poète maudit [réflexions sur la constitution d’un mythe] », Œuvres critiques, vol. VII, n° 2, p. 75-86), dans un article fondateur.

La critique récente s’est attachée à combler cette lacune notionnelle en interrogeant la constitution et l’affermissement d’un imaginaire de la malédiction, depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle jusqu’à la fin du XXe siècle (P. Brissette, La Malédiction littéraire. Du poète crotté au génie malheureux, PU de Montréal, 2005 ; P. Brissette et M.-P. Luneau [dir.], Deux Siècles de malédiction littéraire, PU de Liège, 2017), essentiellement en termes de mythologie, positive ou négative, et d’approche de postures d’écrivain ou de « scénographies auctoriales » (José-Luis Diaz). 

En intégrant les apports de ces réflexions, le colloque que nous consacrons aux « maudits » depuis la fin du XIXsiècle voudrait explorer un autre versant de cet imaginaire de la malédiction : la voie matérielle des images, à laquelle Verlaine, qui avait sollicité des gravures de Thomas Blanchet pour illustrer la première édition des Poètes maudits (1884) et de Manuel Luque pour la seconde (1888), accordait une importance de premier plan. C’est par elle que se perpétue l’imaginaire de la malédiction au XXe siècle. La parution chez Seghers, en 1972, de l’anthologie Poètes maudits d’aujourd’hui. 1946-1970, en atteste la persistance, bien au-delà de la cristallisation fin de siècle : gravures, représentations picturales, ou encore portraits photographiques semblent œuvrer à la diffusion d’une certaine idée de la malédiction, qui réclame un questionnement spécifique. Les liens que nouent avec cette iconographie les mises en scène de la malédiction littéraire, notamment dans les romans de la vie littéraire comme l’Anicet d’Aragon (1921), participant d’un « romanesque des lettres » (Michel Murat), pourront être abordés, de même que des entreprises éditoriales significatives comme l’aventure de la collection puis de la maison d’édition Le Soleil noir (1950-1983). L’approche de ces « portraits de maudits » se voudra enfin ouverte aux traitements iconographiques des phares de la poésie moderne (Baudelaire, Rimbaud et Verlaine surtout, ou encore Lautréamont et Germain Nouveau), au XXe siècle, et aux dispositifs éditoriaux qui orchestrent la diffusion de leurs œuvres. 

Date

Du 18 novembre 2022 au 19 novembre 2022
Complément date
13h30 - 17h30 le 18/11
9h30 - 17h00 le 19/11

Localisation

Complément lieu
– Le 18/11
ENS - PSL
Campus Jourdan
Salle Rebérioux
48 boulevard Jourdan
75014 Paris

– Le 19/11
ENS - PSL
Salle Paul Celan
45 rue d’Ulm
75005 Paris

Contact

adrien.cavallaroatgmail.com (Adrien Cavallaro)

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AFFICHE


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Publié le 14 novembre 2022

Mis à jour le 17 novembre 2022