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Deux jeunes chercheuses de Litt&Arts récompensées

Recherche

Alexia Dedieu est doctorante, spécialité Langues et civilisations de l’antiquité. Nina Soleymani Majd est docteure, spécialité Littérature générale et comparée. Chacune vient de recevoir un prix pour son travail de recherche. Félicitations !

Alexia Dedieu, en quatrième année de thèse sous la direction de Malika Bastin (centre de recherche TRANSLATIO), a reçu le Prix du Jeune Chercheur de la Fondation des Treilles.

La Fondation des Treilles décerne cette aide à la recherche à des chercheurs français ou étrangers âgés de moins de 35 ans, en fin de thèse (quatrième année maximum) ou post-doctorants, qui mènent leurs recherches en France. La sélection des dossiers est effectuée par un Conseil scientifique.

Après avoir obtenu un contrat doctoral IDEX (IRS) 2017-2020, Alexia Dedieu est actuellement à Würzburg en Allemagne grâce à une bourse du DAAD (Deutscher Akademischer Austauschdienst – Office allemand d'échanges universitaires). Elle est membre de l'ANR IThAC, en charge du corpus Euripide, et sa soutenance de thèse est prévue en 2022. Ce prix va lui permettre de terminer sa thèse, de poursuivre son travail d'archive et de traduction, et d'approfondir l'étude de ce corpus encore majoritairement inexploré.

Courte synthèse de sa recherche
Alexia Dedieu travaille sur la réception d'Euripide au XVIe siècle, et sa recherche porte particulièrement sur les traductions et paratextes latins consacrés au poète. Ce corpus hétéroclite, écrit en latin, langue de communication savante de l’époque, et éparpillé dans les diverses bibliothèques d’Europe, a longtemps été laissé de côté par la critique. Pourtant, ces écrits, essentiels pour étudier la réception d’Euripide, sont également un pilier de l’histoire littéraire européenne. En effet, à une époque où la théorie littéraire ne constitue pas encore une discipline à part entière, c’est dans les paratextes que se développent les débats théoriques qui agitent le monde littéraire et artistique. En marge des textes d’Euripide s’élaborent ainsi les discours théoriques sur l’acte de traduction et sa mise en pratique, de même que les réflexions sur le genre de la tragédie qui ont par la suite façonné le théâtre classique du XVIIe siècle. Mais la portée de ces travaux dépasse le champ littéraire. Les savants qui en sont les auteurs sont des penseurs proches du pouvoir politique et religieux, et entre leurs mains, les tragédies d’Euripide deviennent un instrument pédagogique, religieux et politique.


Nina Soleymani Majd, docteure de l’UMR Litt&Arts, a reçu le Prix d’honneur 2020 de la Société Française de Littérature Générale et Comparée (SFLGC) pour sa thèse intitulée « Lionnes et colombes : les personnages féminins dans le Cycle de Guillaume d’Orange, la Digénide, et le Châhnâmeh de Ferdowsi ».

La Société Française de Littérature Générale et Comparée a pour vocation de coordonner les activités portant sur l’étude de la littérature comparée en France, afin de développer l’enseignement et la recherche dans les domaines qui en relèvent, et de nourrir la réflexion sur l’évolution vivante de la discipline. Le Prix de thèse et le Prix d’honneur de la SFLGC distingue et valorise annuellement les meilleures thèses de littérature générale et comparée. Il constitue notamment une aide à la publication de la thèse.

Nina Soleymani Majd a soutenu sa thèse le 13 décembre 2019 à l’Université Grenoble Alpes, sous la direction de Florence Goyet (centre de recherche RARE). À la croisée des études de genre et du renouvellement des études épiques, sa thèse cherche à réévaluer la place des personnages féminins dans l’épopée médiévale française, byzantine et persane.

Résumé de sa thèse
L’objet de ce travail est d’étudier les effets de la présence importante du féminin dans l’épopée médiévale, présence paradoxale dans la mesure où il s’agit de poèmes guerriers fortement empreints de masculinité. L’analyse s’appuie sur trois corpus épiques majeurs de France, de Byzance et de Perse, composés du XIe au XIIIe siècle. L’étude des personnages féminins dans un cadre comparatiste permet de faire ressortir leur degré d’impact sur la diégèse, de mettre en regard leurs relations de subordination mais aussi d’indépendance vis-à-vis de leurs homologues masculins, et de faire la part entre les stéréotypes misogynes et les marques de valorisation au sein des représentations littéraires. Le genre épique ayant été récemment redéfini comme le lieu privilégié de l’affrontement de valeurs sociétales antithétiques à travers l’emploi d’outils narratifs plutôt que conceptuels, nous souhaiterions montrer que ce fonctionnement peut aussi s’appliquer aux normes de genre. Parce que leur intervention au sein de l’action épique devient problématique dès lors qu’elle entre en concurrence avec celle des hommes, les femmes de l’épopée suscitent une remise en question permanente de ces normes. Qu’il soit indirect ou frontal, ce mouvement d’interrogation latent fait émerger une transgression proprement féminine, qui, lorsqu’elle conduit à l’héroïsme, autorise une relecture des œuvres allant à l’encontre des préjugés essentialistes.

Publié le 31 mai 2021

Mis à jour le 28 mars 2022