Fictions d’anticipation et expérimentation de l'espace urbain à la Belle-Époque (1880-1914)

La littérature d’anticipation et la variété de ses formes à la Belle-Epoque – roman vernien, textes utopiques, petite presse médiatique – imaginent régulièrement la ville en anticipant ses formes ou son organisation à venir. Mais ces fictions – nourries par l’épistémologie scientifique du XIX^e siècle – font souvent plus qu’anticiper ces espaces imaginaires, elles souhaitent les expérimenter, en fournissant un cadre littéraire à prétention scientifique. En nous appuyant principalement sur l’étude de la poétique romanesque – aventure géographique et scientifique pour la jeunesse et textes utopiques –, nous nous proposons d’étudier les formes d’usage scientifique du roman à la Belle-Epoque, régulièrement appréhendé dans un rêve de fiction pragmatique, et créant la possibilité d’un laboratoire textuel où expérimenter l’évolution des grandes agglomérations humaines et de ses lois.

Kevin Pelladeaud est doctorant en troisième année de thèse à l'UMR Litt&Arts. Il est agrégé de lettres modernes, ancien normalien de l’ENS de Lyon et membre du projet Urbanature (Université Gustave-Eiffel/Marne-la-Vallée) qui étudie les rapports entre ville et nature dans la littérature du XIX^e et XX^e siècle. Ses travaux de thèse, sous la direction de Delphine Gleizes, portent sur la prospective et l’iconographie urbaine au sein de la littérature dite « d’anticipation » entre 1870 et 1914. Sa recherche porte plus précisément sur le croisement des discours littéraires et urbanistiques, ainsi que sur la construction textuelle de l’espace urbain, au cœur des sociabilités politiques, éditoriales et médiatiques d’une Belle-Époque connaissant les débuts de l’urbanisme moderne.