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Centre LITEXTRA
Si les valeurs portées par ce genre sont évidentes et parfois constituées en dehors du récit lui-même lorsqu’il s'agit des « vies de saint » (M. de Certeau), le genre a gagné en scientificité au cours du XIXe siècle, avec le développement des biographies, qu’elles soient composées par des historiens ou par des écrivains : comment les valeurs apparaissent-elles alors dans ce genre ? Dans la deuxième partie du XXe siècle, un redoublement de la séparation plus ancienne entre Littérature et Histoire (Barthes, « Littérature et histoire : à propos de Racine », 1960), la dévalorisation de l’auteur (Barthes, « La mort de l’auteur », 1968), la critique sociologique de « L’Illusion biographique » (P. Bourdieu) tendent à réduire le genre à un simple jeu de biographèmes, pendant que les travaux de Philippe Lejeune mettent en lumière l’autobiographie (Le Pacte autobiographique, 1975). Pourtant, depuis les Vies imaginaires de Marcel Schwob (1896) ou les « biographies minutieuses » à travers lesquelles Roger Martin du Gard évoque ses héros de roman (Jean Barois, 1913), la littérature de création s’est emparé du genre dans différentes perspectives : elle peut l’utiliser pour engager des investigations renouvelées sur certains écrivains anciens ou contemporains (de J.-P. Sartre, Baudelaire, 1947 ; Saint Genet comédien et martyr, 1952), évoquer, plutôt que les vies héroïques, les vies les plus modestes (Vies Minuscules de P. Michon, 1984), interroger des expériences humaines extrêmes (L’adversaire d’E. Carrère, 2000), établir des liens avec l’autobiographie (Vies minuscules encore ; D’autres vies que la mienne d’E. Carrère, 2009 ; Ma vie de saint de F.-X. Delmas, 2018, Les mains de Louis Braille d’Hélène Jousse, 2019), réfléchir au statut de certaines personnalités (Platine de R. Detambel, 2018)… Du côté du roman graphique ou de la bande dessinée, le genre est également très présent avec différentes orientations. Enfin, que ce soit sous forme documentaire ou dans des perspectives plus littéraires, que le lectorat visé soit celui des jeunes lecteurs ou des adolescents, le récit de vie est bien attesté aujourd’hui dans la littérature de jeunesse, du côté chrétien comme du côté laïc (collection « Ceux qui ont dit non », aux éditions Actes Sud), dans des perspectives historienne, éthique ou littéraire… Qu’en est-il du côté de l’institution scolaire ? Dans ses programmes, celle-ci reconnaît essentiellement l’autobiographie (en lycée et uniquement pour les classes de 1ère L ), mais pas le récit de vie. Elle a fait un sort au « biographique » dans les programmes de Première de 2000, mais très momentanément. Quelles en sont les raisons ? Par ailleurs, initiées par la directrice de la collection « Ceux qui ont dit non », des expériences diverses ont été menées dans les classes de 4e et 3e : dans ce cas, c’est la dimension éthique qui paraît primer. Cependant, l’identification des élèves aux personnages illustres n’exige-t-elle pas la construction d’un regard critique en parallèle ? Et l’actualisation d’une posture découle-t-elle aisément d’un geste ancré dans un moment historique ?
Cette réflexion pourra donner lieu à des propositions d’intervention dans les classes et à des analyses des effets de ces interventions. Une journée d’étude, voire un colloque pourrait mettre en lumière cette recherche.
Coordination
Responsables
Bénédicte Shawky-Milcent
Jean-François Massol
Centre porteur
LITEXTRA
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