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STT : Stylistique du texte traduit

Centre É.CRI.RE

Projet interdisciplinaire envisageant le texte traduit en français comme un objet littéraire autonome, en donnant à la traduction son rôle de premier plan dans l’histoire littéraire et la formation de la « langue littéraire ».

Ce projet vise à donner au texte traduit en français une place au sein des études littéraires, dans lesquelles il n’est pas, à proprement parler, considéré comme un objet d’étude, alors même qu’il joue un rôle de premier plan dans l’histoire littéraire, dans celle de la « langue littéraire », et qu’il constitue une proportion importante des livres publiés. Il s’agit d’aborder, sur le plan stylistique, le texte traduit en français comme objet littéraire autonome, c’est-à-dire indépendamment du texte et de la langue sources, et de considérer le traducteur comme un co-auteur. Ce projet est, par nature, interdisciplinaire : stylisticiens, comparatistes, antiquisants, francophonistes et littéraires sont appelés à collaborer ; il a également vocation à accueillir, notamment, des traductologues et des linguistes.
« Stylistique du texte traduit » a choisi de privilégier, dans un premier temps, des objectifs de recherche autour du style du traducteur, perçu non pas comme un relai entre l’auteur et le lecteur, mais comme un autre auteur, créateur à part entière, faisant œuvre dans le cadre de cette constante négociation entre les stylèmes de sa langue et les contraintes imposées par le texte préexistant. Sont donc placées au centre de la réflexion des configurations dans lesquelles la créativité du traducteur se révèle de manière marquée et se prête plus aisément à l’étude et/ou dans lesquelles se pose la question des traces éventuelles, dans le texte traduit, du passage d’une langue-culture à une autre :

 

  • Les écrivains-traducteurs, pour lesquels il est relativement aisé de discriminer entre des traits qui relèvent de leur style propre et d’autres qui naissent de la contrainte qu’exerce le texte source et pour lesquels le contrat de lecture mis en place est lié à la fois au statut du texte traduit et à celui d’un écrivain reconnu comme tel dans le champ littéraire. Le texte traduit est alors véritablement et explicitement une recréation.
  • Les rétro-traductions, textes traduits dans une langue étrangère puis retraduits vers le français, qui permettent de mesurer et de faire apparaître la créativité à l’œuvre dans la traduction et la dimension co-auctoriale du texte traduit. Les rétro-traductions permettent en outre de mesurer l’impact du passage d’un texte par une langue étrangère.
  • Les chaînes de traductions. L’histoire littéraire a mis au jour un certain nombre de textes en français résultant d’une série de traductions en chaîne. On peut, dans une démarche traductologique, décrire les métamorphoses subies par le texte à chaque étape ; nous visons quant à nous à décrire, dans le texte d’arrivée en français, les traces identifiables des langues et textes antérieurs.
  • Les pseudo-traductions, qui relèvent d’une scénographie particulièrement intéressante à analyser sur le plan de la langue et du style ainsi que sur celui des représentations imaginaires de la langue. L’étude des scénographies de pseudo-traduction, de leur lien avec l’histoire littéraire et avec l’esthétique est un domaine relativement balisé. Ce qui l’est beaucoup moins, c’est l’analyse stylistique du texte produit selon ce lien fictif avec une autre langue et un autre texte, l’analyse des marqueurs de langue qui produisent ce que l’on peut appeler l’effet traduit, de leurs relations avec une lecture évaluante (pour produire un effet traduit, un texte doit-il être perçu comme mal écrit et selon quelles normes stylistiques et esthétiques ?).
  Le projet est soutenu par l’IDEX-IRS.
Quelques réalisations dans le cadre du projet « Stylistique du texte traduit » (voir L'Ouvroir Litt&Arts) :

 

  • Colloque international « L’écrivain-traducteur : ethos et style d’un co-auteur » (Grenoble : 9 et 10 novembre 2017, Paris : 18 et 19 janvier 2018 ; organisé par Aline Marchand et Pascale Roux).
  • Entretiens avec des écrivains-traducteurs (Marie Darrieussecq, Michel Deguy, Mohammed El Amraoui, Mohamed Miloud Gharrafi, Najeh Jegham, Gérard Macé, Martin Rueff, Julie Wolkenstein).
  • Expérience de traduction et de rétro-traduction de quatre poèmes et un texte en prose de Gérard Macé (projet coordonné par Filippo Fonio, Emanuela Nanni et Pascale Roux). Corpus intégral en ligne ; corpus partiellement publié sous format papier : Chenilles et papillons / G. Macé (La Pionnière, 2017).
  • Colloque « Homère pour tous. Stratégies d’appropriation des poèmes homériques (XVIe-XXIe siècles) » (Valence : 8 et 9 novembre 2018 ; organisé par Christiane Louette et Agathe Salha).
  • Expérience de recherche-création autour de la traduction et de la mise en scène des poèmes homériques (projet financé par la MACI ; projet coordonné par Christiane Louette et Agathe Salha, avec Matteo Capponi et Émilie Viossat).
  • Édition de 40 traductions de « L’Infini » de Leopardi (de 1844 à 2018) : L’Infini / G. Leopardi ; éd. établie par P. Roux, La Pionnière, 2018.
  • Cycle de journées d’étude en 2019 (organisé par Filippo Fonio, Emanuela Nanni et Pascale Roux) : « Traduire d’une langue proche, traduire d’une langue distante » (25 juin), « Humanités numériques et texte littéraire traduit » (24 septembre), « Traduction et performance » (24 octobre).

Publié le 30 juin 2020

Mis à jour le 29 septembre 2023