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ELLASS : Enseigner les langues anciennes dans le secondaire et le supérieur

Centre TRANSLATIO

Ce projet a pour objectif de réfléchir à l’histoire de l’enseignement des langues anciennes depuis l’Antiquité et de mener des recherches innovantes en didactiques des langues anciennes, dans le sillage de projets Fabula agitur (Financement ARC 2015, porté par M. Bastin-Hammou, en collaboration avec Pascale Paré et Filippo Fonio) et PEGASE - Parler le Grec Ancien Sans Effort, (Financement de la région Rhône-Alpes, porté par Laurence Vianès, en collaboration avec M. Bastin-Hammou, 2017).
Le projet grenoblois s’inscrit dans un projet national qui a bénéficié d’un financement du GIS Humanités (2017-2020).
Cette réflexion autour de la pratique de l’enseignement des langues anciennes donnera lieu à un cycle de journées d’étude en lien avec les enseignants du secondaire du bassin grenoblois et les étudiants du master MEEF parcours Lettres classiques.

Ce projet de recherche sur l’enseignement des langues anciennes, porté par Christophe Cusset à l’ENS de Lyon, part de plusieurs constats : 

  • Il n’existe pas actuellement en France de structure qui réfléchisse de manière spécifique aux difficultés posées par l’enseignement des langues anciennes de l’enseignement secondaire à l’enseignement supérieur ; 
  • Les langues anciennes connaissent depuis plusieurs années des difficultés du fait de la désaffection des élèves et des étudiants pour ces disciplines, pour diverses raisons qui tiennent aux représentations qu’elles peuvent véhiculer (comme disciplines du passé, souvent trop vite assimilées à des disciplines passéistes), aux exigences qu’elles imposent (par exemple dans la rigueur grammaticale), aux conditions dans lesquelles elles sont souvent enseignées (comme disciplines « secondaires » ou optionnelles, à des horaires dissuasifs) ; 
  • De plus en plus, on observe une pénurie d’enseignants qualifiés, notamment dans le secondaire, qui empêche d’assurer l’enseignement des langues anciennes ; 
  • paradoxalement, l’intérêt ne faiblit pas pour ces disciplines et pour la culture qu’elles permettent de découvrir, y compris auprès d’un large public, le plus souvent en dehors d’un cadre scolaire strict ; 
  • l’Europe trouve ses fondements culturels et institutionnels dans ces cultures de l’Antiquité qui sont revendiquées comme telles, mais de plus en plus mal connues.

Il convient aussi de réfléchir à l'accueil des étudiants en cursus de Lettres Classiques dans le supérieur, quand ils n'ont plus les bases de langue, de culture, d'histoire qu’ils sont encore censés avoir pour mener une formation efficace ; il n’est plus possible de faire comme si rien n'avait changé dans les trente dernières années ; la mise en place de la Culture antique dans toutes les hypokhâgnes a sans doute été un point important dans la prise de conscience des nécessités de combler certaines lacunes, mais ce premier stade n’est pas suffisant et ne concerne qu’une part limitée d’étudiants qui entrent dans le supérieur. 
Il semble donc nécessaire de fédérer des forces vives aussi bien auprès de collègues de l’enseignement secondaire que d’enseignants et d’enseignants-chercheurs du supérieur, pour réfléchir aux moyens de lutter contre ces paradoxes et éventuellement de proposer des moyens pour remédier aux difficultés propres de l’enseignement de ces langues et de ces cultures, qui ne sacrifierait pas aux exigences de la langue, mais permettrait un accès facilité aux textes phares de notre civilisation.
L’engouement des étudiants (et donc des futurs professeurs) pour le grec et le latin « vivants » est bien réel, ce qui constitue un paradoxe pour des langues jadis désignées comme « mortes » (mais désormais appelées « anciennes »). Trop longtemps on les a enseignées selon des modalités qui ne les traitaient que comme des langues écrites. Pourtant ces langues peuvent encore être parlées dans certaines conditions. Si quelques expériences ont déjà été menées à l’étranger — par exemple à Rome au sein de l’institut Vivarium Antiquum ou à Jérusalem au sein de l’Institut Polis, mais aussi en France dans le projet PEGASE (Université Grenoble-Alpes, Université Lyon II et ENS de Lyon) avec la mise en place de certains enseignements pilotes du grec ancien comme langue vivante — il reste encore toute une réflexion à mener sur l'équilibre entre « enseigner le latin ou le grec comme une langue vivante » et « viser le latin et le grec littéraires, avec les grands textes d'auteur ». Il faut trouver des moyens pour articuler l'une et l'autre perspectives, en particulier dans le secondaire, mais aussi dans le supérieur. On devra concevoir cette réflexion comme une base pour constituer de nouveaux supports et méthodes d’enseignement, et lancer ensuite des sessions de formation auprès des enseignants du secondaire par l’intermédiaire de la formation continue des Rectorats, mais aussi auprès de ceux du supérieur ou lors d’écoles d’été.
Il apparaît aussi que l’apprentissage de ces langues tend à ne plus être un domaine autonome, mais s’intègre désormais volontiers dans des filières à l’intitulé plus généraliste comme les licences « Humanités » ou les masters dits « mondes anciens ». Ces filières font de la maîtrise du latin et du grec un élément parmi un tout beaucoup plus large, tout en continuant à former (et il faut qu’elles continuent à avoir les moyens de le faire) des vrais spécialistes, ou en tout cas à donner aux étudiants la possibilité de maîtriser vraiment ces langues pour servir leurs propres projets de formation et de recherche. Il faut que les enseignants et chercheurs en langues anciennes puissent mener une réflexion sur l’autonomie et la dépendance des langues anciennes à l’égard d’autres disciplines.
Le projet envisage donc de manière pratique la mise en place d’un séminaire récurrent de travail entre enseignants du secondaire, enseignants-chercheurs et chercheurs sur les manières d’aborder les textes antiques dans toute leur diversité (textes épigraphiques, textes littéraires, textes scientifiques…). On y examinera les façons d’aborder l’apprentissage des langues anciennes indépendamment des textes littéraires et/ou en relation avec la lecture d’extraits. On organisera aussi des journées d’étude cherchant à travailler sur l’histoire de l’enseignement des langues anciennes et sur la diversité des pratiques pédagogiques selon les pays européens notamment. 
Le but de ce travail mis en commun est de produire de nouveaux supports et méthodes d’enseignement et d’organiser des formations à destination des enseignants du secondaire. En effet il arrive souvent que ceux-ci, ayant suivi des cursus plus dispersés que jadis et moins chargés en enseignements d’approfondissement, se sentent insuffisamment formés à ces langues qu’on leur demande d’enseigner.

Coordination

Publié le 7 mai 2020

Mis à jour le 29 septembre 2023