Recherche
Le projet « FragmAnt - Fragments Antiques », piloté par Sarah Gaucher, post-doctorante et supervisé par Florian Barrière, professeur, est lauréat de l’appel à projets « Access ERC Starting 2023 » de l’ANR.
Le projet « FragmAnt - Fragments Antiques » est lauréat de l’appel à projets « Access ERC Starting 2023 » de l’Agence Nationale pour la Recherche, qui vise à accompagner de jeunes chercheurs et chercheuses dans la préparation d’une première candidature à l’ERC Starting Grants, en leur permettant notamment de renforcer leur CV afin qu’ils soient compétitifs à cet appel. Doté d’un budget de 170 000 €, le projet est piloté par Sarah Gaucher, post-doctorante en langue et littérature anciennes, et supervisé par Florian Barrière, professeur en langue et littérature latines à l’Université Grenoble Alpes et membre de l'UMR Litt&Arts.
Centré sur la littérature fragmentaire latine, le projet se fonde sur le constat suivant : sur les 772 auteurs latins dont nous avons gardé le souvenir, 628 ne nous sont connus que par des fragments ou des témoignages. La littérature fragmentaire constitue donc un matériau riche dans une multitude de domaines (théâtre, poésie, histoire, rhétorique, philosophie…). Ces livres qu’on ne peut pas ouvrir ou qui s’ouvrent seulement dans d’autres livres, il reste possible d’en décrire les contours, de dire les effets de leur absence ou la façon dont ils hantent les œuvres réelles, de faire récit de leur perte ou de leur parcellaire conservation, d’en réunir les fragments… Pour ce faire, il convient de considérer les fragments pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des citations que les Anciens nous ont conservées parce qu’elles leur apparaissaient remarquables ou signifiantes. On peut dès lors articuler différents moments : la réception des auteurs fragmentaires par leurs citateurs, c’est-à-dire la lecture ou les lectures spécifiques qu’ils en font ; la représentation qu’ils construisent en les citant dans des contextes particuliers, avec des visées qui leur sont propres ; enfin l’influence que ces représentations ont pu avoir non seulement sur la réception postérieure, mais aussi sur les littératures anciennes et modernes.
Le projet « FragmAnt » travaille à mettre à disposition de la communauté scientifique une interface et une édition critique numérique. L’hypothèse posée est la suivante : le traitement numérique des fragments et de leurs contextes de transmission permet de compenser les lacunes et les limites des éditions papier en matière de présentation des fragments et de leurs contextes de transmission ; de prise en compte des traditions d’édition et de reconstruction des œuvres perdues ; de constitution de corpus fragmentaires. Il constitue dès lors une étape préliminaire pour mieux comprendre et étudier la réception des auteurs fragmentaires et de leurs œuvres dans l’Antiquité, les réseaux de réception et de représentation, ou encore les modalités de la citation chez les Anciens.
L’intérêt porté par le projet à la question de la littérature fragmentaire, de l’intertextualité et de la citation dans les langues anciennes s’est notamment matérialisé par l’organisation d’un panel « La littérature fragmentaire : de la citation à la réception » lors de la Celtic Conference in Classics de Cardiff (du 9 au 12 juillet 2024) et par la tenue d’un colloque « Citer, éditer, réécrire : réception et représentation de la poésie latine fragmentaire » à Grenoble en décembre 2024. L’orientation numérique du projet a donné lieu à deux manifestations scientifiques : le colloque de philologie numérique, « Du calame au clavier », s’est tenu à Grenoble du 17 au 19 janvier 2024 ; le colloque international « Le texte de l’autre. Dialogue interdisciplinaire autour de l’intertextualité et du discours rapporté » aura lieu à la Sorbonne Nouvelle en juillet 2025.
Article rédigé par Sarah Gaucher
Contact
sarah.gaucher
univ-grenoble-alpes.fr (Sarah Gaucher)
