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Soutenance / Centre É.CRI.RE
On 2 December 2024
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Écrire les espaces périurbains : une géographie contemporaine dans la littérature française
Résumé
Depuis leur développement sur le territoire français à partir de la fin des années 1960, les espaces périurbains n’ont cessé d’alimenter les critiques, depuis la laideur des paysages que ces territoires façonnent aux ravages environnementaux causés par l’étalement urbain, en passant par l’individualisme consumériste supposé du mode de vie pavillonnaire ; jusqu’à une période récente, ils ne trouvaient pas place dans les textes littéraires. Or, à partir des années 2010, plusieurs auteurs et autrices font de l’écriture des espaces périurbains, tant du point de vue de leurs caractéristiques morphologiques que des modes d’habiter qu’ils induisent, un enjeu majeur.
En s’attachant à un corpus de dix-neuf textes, parus entre 2009 et 2022, nous dressons la cartographie de ces différentes écritures qui, en explorant les espaces périurbains par des dispositifs spécifiques, s’emploient à les faire advenir dans la littérature française contemporaine et, à ce titre, travaillent à leur légitimation. Si nous nous appuyons sur certaines figures reconnues du contemporain (François Bon, Annie Ernaux, Laurent Mauvignier, Jean Rolin), notre travail a surtout une ambition exploratoire, en s’intéressant à une majorité d’auteurs et autrices encore peu étudiés : Bruce Bégout, Éric Chauvier, Cécile Coulon, Julia Deck, Sophie Divry, Marin Fouqué, Salomé Kiner, Alexandre Labruffe, David Lopez, Nicolas Mathieu et Fanny Taillandier.
Notre travail s’organise autour de deux grandes questions. Comment la littérature française écrit-elle les espaces périurbains et quelles représentations en propose-t-elle ? Il s’agit de porter l’accent sur les opérations communes que la confrontation à cet objet spécifique, hybride et lui-même hétérogène qu’est le périurbain suscite, mais aussi de rendre justice à la pluralité d’un corpus, qui associe à une majorité de fictions romanesques une part de textes non-fictionnels, et présente une grande diversité, tant au niveau des formes d’écriture, des poétiques déployées, que du type d’espace périurbain représenté. On réinscrit d’abord ces textes dans le temps long d’une histoire culturelle et littéraire qui, depuis le début du XIXe siècle, a interrogé ces zones lisières, entre la ville et la campagne. On se propose aussi de penser ces écritures périurbaines dans le cadre d’un dialogue avec la doxa critique qui informe ces territoires, afin de voir comment, loin de congédier ces stéréotypes largement dépréciatifs, les textes les réinvestissent en tant que matériaux d’écriture, pour mieux les inquiéter, les déplacer, les subvertir. En déployant les tensions qui structurent ces territoires hybrides, entre urbanité et ruralité, autonomie et normativité, les œuvres explorent toute leur ambivalence mais s’emploient aussi à les refaçonner, contre leur image de « non-lieu » ou leur relégation périphérique.
Qu’est-ce que le périurbain fait à la littérature française contemporaine et en quoi est-il un angle pertinent pour en interroger les dynamiques structurantes ? Par ce deuxième axe, on entend mesurer comment les espaces périurbains, par leurs caractéristiques morphologiques, les pratiques spatiales qu’ils configurent et les représentations que celles-ci induisent, transforment et renouvellent les modes d’écriture ainsi que les schèmes esthétiques traditionnels d’appréhension de l’espace en littérature. Il s’agit aussi de déterminer les spécificités de ce corpus émergent tout en interrogeant sa portée emblématique vis-à-vis du champ littéraire contemporain. On met ainsi en lumière le lien structurant entre l’émergence littéraire d’un territoire et la venue à la littérature d’auteurs et d'autrices qui en proviennent, l’ont habité ou y résident. On tente enfin de proposer, par le biais de cet angle géographique, une traversée, à la fois synthétique et proche du grain des textes, d’un pan de la littérature française de l’immédiat contemporain.
Composition du jury
- Laurent DEMANZE, Professeur, Université Grenoble Alpes, Directeur de thèse
- Corinne GRENOUILLET, Professeure, Université de Strasbourg, Rapporteure
- Dominique VIART, Professeur émérite, Université Paris 10 - Nanterre, Rapporteur
- Catherine DOUZOU, Professeure, Université de Tours, Examinatrice
- Isabelle KRZYWKOWSKI, Professeure, Université Grenoble Alpes, Examinatrice
Date
14h00
Localisation
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Maison des Langues et des Cultures
Salle Jacques Cartier
Directeur de thèse
Laurent DEMANZE
Litt&Arts, centre É.CRI.RE
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