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Vulgaire, vulgarité, vulgariser

Appel à propositions / Doctorants et doctorantes

From 3 February 2025 to 23 March 2025

Les doctorantes et doctorants de l’UMR Litt&Arts souhaitent inviter leurs collègues de tout laboratoire et de toute discipline à échanger sur cette thématique à l'occasion des Journées Doctorales organisées à Grenoble les 15 et 16 mai 2025.

À l’occasion de la dixième édition de leurs journées doctorales annuelles, les doctorantes et doctorants de l’UMR 5316 Litt&Arts souhaitent inviter leurs collègues de tout laboratoire et de toute discipline à se pencher sur les rapports que les notions de vulgaire, de vulgarité et de vulgarisation entretiennent avec les arts et la littérature. En effet, ces trois termes n’ont pas seulement en partage une étymologie commune (vulgaris, en latin : « qui concerne la foule, commun, général »), ils ont aussi connu des variations sémantiques analogues, pour partie liées à l’évolution des médias, de la littérature et des arts.

Écrire dans une langue vulgaire a d’abord signifié écrire dans la langue du peuple, par opposition au latin. Le choix qu’ont fait certains lettrés européens d’écrire en langue vulgaire, dès le XIe siècle (avec le phénomène de la mise en roman) et plus encore à partir de la fin du XVe siècle (avec l’invention de l’imprimerie), avait ainsi trait à la vulgarisation : toucher un public plus large, certes à des fins pécuniaires, mais aussi pour faciliter l’accès aux arts et aux savoirs, sacrés et profanes. C’est d’ailleurs au début du XVIe siècle que le verbe vulgariser apparaît en français, au sens de « diffuser en publiant ».

Puis viennent Villers‑Cotterêts, l’Académie française, la Révolution, l’École républicaine : les lettrés cessent définitivement d’écrire en latin, on contraint le peuple à abandonner ses dialectes, et une certaine langue vulgaire, le français, devient la langue de tous. Cependant, afin de pouvoir continuer à se distinguer socialement, l’élite intellectuelle institutionnalise son propre usage de la langue française, en en faisant une norme. L’adjectif vulgaire prend alors un sens péjoratif, renvoyant, à propos du langage, à tout ce qui s’écarterait de cette nouvelle norme (le parler oral, les patois, l’argot…) et, plus largement, « à ce que l’idéologie des classes dominantes observe dans les comportements de la masse et exclut de son système de valeur ». Quant au verbe vulgariser, il ne désigne plus seulement le fait de rendre des savoirs accessibles au plus grand nombre, mais se met à exprimer l’idée d’une perte d’éducation, d’élégance ou de distinction, tel M. Arnoux qui, « se vulgarisant de plus en plus, prenait des habitudes grossières et dispendieuses ». En fait d’arts et de littérature, les lettrés du XIXe siècle reprochent à de nombreux artistes d’être vulgaires, et cherchent à les exclure du canon. Dès 1800, Madame de Staël stigmatise le style de certains de ses contemporains, en employant « un mot nouveau, la vulgarité, trouvant qu’il n’existait pas encore assez de termes pour proscrire à jamais toutes les formes qui supposent peu d’élégance dans les images et peu de délicatesse dans l’expression ».

Cette hiérarchisation a progressivement été remise en cause, dans le contexte culturel de la post-modernité. Depuis quelques années, la recherche s’est penchée sur de nouveaux objets, jusqu’alors jugés vulgaires, notamment la « paralittérature » et les arts de la culture populaire (cinéma, bande dessinée, jeu vidéo…) Elle a aussi porté un nouveau regard, sans jugement de valeur, sur le concept même de vulgarité et sur ses usages en art. Quant aux œuvres de vulgarisation scientifique, elles ont fini par susciter l’intérêt de la critique en sciences humaines et sociales, qui s’en était peu emparée jusqu’alors : des colloques ont invité à réfléchir, dans une perspective méta-scientifique, aux manières de vulgariser les études littéraires et culturelles, tandis qu’un certain nombre de travaux ont été consacrés à l’histoire de la vulgarisation et à ses rapports au livre et à la littérature.

Les communications pourront s’inscrire dans un ou plusieurs des axes suivants, sans toutefois s’y limiter :

  • Arts, langues vulgaires et vulgarité langagière
  • Arts et vulgarité
  • Arts et vulgarisation
  • Vulgarisation en sciences humaines et sociales

Outre les approches linguistiques, littéraires ou artistiques, les perspectives didactiques, historiques, sociologiques ou philosophiques seront également appréciées.

Modalités

Les contributions pourront prendre la forme de communications traditionnelles, d’une durée de 25 minutes, mais nous acceptons également des formats moins conventionnels (performances, projections, ateliers, expositions…).

Les propositions, écrites en français, devront être d’une longueur de 400 mots maximum (sans compter la bibliographie et les notes éventuelles), et accompagnées d’une courte notice bio‑bibliographique. Elles sont à faire parvenir, avant le 23 mars 2025, à l’adresse suivante : doclittarts2025atgmail.com

Date

From 3 February 2025 to 23 March 2025
Complément date

Date limite d'envoi : 23 mars 2025

Contacts

elie.geninatuniv-grenoble-alpes.fr (Élie Génin)
jeanne.montanvertatuniv-grenoble-alpes.fr (Jeanne Montanvert)
mariam.veliashviliatuniv-grenoble-alpes.fr (Mariam Veliashvili)

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« Arts, Savoirs, Indisciplines », le blog des doctorant·es de Litt&Arts

Submitted on 4 February 2025

Updated on 4 February 2025