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Soutenance / Recherche
On 8 December 2017
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Quand la multimodalité narrative rencontre l’imaginaire multisensoriel des super-héros
Résumé
Les comic books, qui font partie du 9e art avec la bande dessinée et le manga, constituent un pan important de la culture populaire et de l’imaginaire contemporain. Ils permettent d’attester de la persistance des super-héros, dont les aventures cycliques sont très appropriées à ce moyen d’expression. La variété des modes narratifs qui transmettent aujourd’hui les super-héros, depuis le cinéma jusqu’à nos univers virtuels contemporains, permet de questionner les enjeux de la fiction et sa vitalité. Ainsi les récits audio-visuels sont étudiés au même titre que ceux de papier.
Cette multimodalité narrative de nos super-héros doit tenir compte de la vaste fresque que représentent leurs récits ; et ce sont des éléments représentatifs de mouvances éditoriales, historiques, ou encore sociales qui guident le choix de notre corpus d’étude, au travers des « Âges » de nos super-héros. L’imaginaire dynamique des personnages nous amène à retenir trois d’entre eux pour lesquels la multisensorialité et la moto-sensorialité sont l’essence même de leurs narrations. Cela permet de souligner l’apport des sciences cognitives dans l’analyse des ontologies de la fiction, de sorte que ces personnages intègrent parfaitement, en dépit des objections de Sperber & Hirschfeld (2004), les « fondations cognitives » de nos cultures. Nous défendons que les super-héros font partie des êtres fantastiques et nous utilisons pour leur analyse le cadre heuristique proposé dans Armand (2015), qui permet l’étude des êtres fantastiques repérés dans la Folkloristique en s’appuyant sur les acquis de l’Anthropologie Neuro-Cognitive. Ce cadre nous a permis d’analyser les pouvoirs multisensoriels de nos super-héros en termes d’intuitions, contre-intuitions et sur-intuitions, pour mieux approcher les mécanismes cognitifs qui fondent l’imaginaire des auteurs qui nous proposent ces héros tout autant que l’imaginaire de ceux qui y adhèrent.
Batman, justicier costumé en chauve-souris, intègre dans sa lutte contre le crime les représentations de cet animal dans ce qu’il a de plus ambivalent dans nos imaginaires. Il reste toutefois incapable d’employer dans sa fiction une perception biologique naturelle du chiroptère : l’écholocation animale. Bien que connue du grand public, cette capacité demeure dans son fonctionnement trop contre-intuitive pour être représentée avec justesse dans les récits.
Daredevil nous permet de poursuivre notre approche de la multisensorialité, avec le cas d’un justicier aveugle aux capacités perceptives et attentionnelles décuplées. Mais ce « super-aveugle » est incapable d’avoir recours à la compétence sur-intuitive de l’écholocation humaine, une compétence qui semble au final dépendre très contre-intuitivement des aires corticales visuelles plutôt que des aires auditives (depuis Thaler et al., 2011).
Superman enfin possède a priori tous les pouvoirs, mais est particulièrement reconnu par sa capacité à voler sans contraintes. Cette capacité nous a conduit à rechercher dans quel incubateur neural d’ontologies fantastiques le récit puisait la composante génératrice de ce si célèbre pouvoir de vol aptère. Nous avons pour cela dû faire appel aux expériences hors-du-corps (Out-of-Body Experiences ou OBE), rapportées de longue date et universellement dans les narrations d’expérience, et dont l’émergence n’a été vraiment comprise sur le plan neural que récemment (cf. les expériences de stimulation corticale de Blanke et al., 2002). Nous proposons une approche qui permet d’unifier la Formation de l’esprit scientifique de Bachelard (1938), qui donne les bases d’une épistémologie de la contre-intuition, avec sa poétique. Car nous avons pu requalifier la poétique de L’Air et les songes (1943), dans ses apports fondamentaux ? ici le vol onirique aptère ?, de sur-intuitive. Ce vol sans ailes trouve par ailleurs un réel terrain d’expression par le mouvement imaginé dans les mondes virtuels et l’expérience de corps dissocié dans la Réalité Virtuelle.
Composition du jury
Marie-Agnès Cathiard (Maître de conférences HDR, Université Grenoble Alpes, directeur de thèse) ; Estelle Doudet (Professeur, Université Grenoble Alpes, examinateur) ; Sylvie Freyermuth (Professeur, Université du Luxembourg, rapporteur) ; Roland Lehoucq (Cadre scientifique des EPIC CEA-IRFU Saclay, examinateur) ; Philippe Walter (Professeur émérite, Université Grenoble Alpes, examinateur).
Les comic books, qui font partie du 9e art avec la bande dessinée et le manga, constituent un pan important de la culture populaire et de l’imaginaire contemporain. Ils permettent d’attester de la persistance des super-héros, dont les aventures cycliques sont très appropriées à ce moyen d’expression. La variété des modes narratifs qui transmettent aujourd’hui les super-héros, depuis le cinéma jusqu’à nos univers virtuels contemporains, permet de questionner les enjeux de la fiction et sa vitalité. Ainsi les récits audio-visuels sont étudiés au même titre que ceux de papier.
Cette multimodalité narrative de nos super-héros doit tenir compte de la vaste fresque que représentent leurs récits ; et ce sont des éléments représentatifs de mouvances éditoriales, historiques, ou encore sociales qui guident le choix de notre corpus d’étude, au travers des « Âges » de nos super-héros. L’imaginaire dynamique des personnages nous amène à retenir trois d’entre eux pour lesquels la multisensorialité et la moto-sensorialité sont l’essence même de leurs narrations. Cela permet de souligner l’apport des sciences cognitives dans l’analyse des ontologies de la fiction, de sorte que ces personnages intègrent parfaitement, en dépit des objections de Sperber & Hirschfeld (2004), les « fondations cognitives » de nos cultures. Nous défendons que les super-héros font partie des êtres fantastiques et nous utilisons pour leur analyse le cadre heuristique proposé dans Armand (2015), qui permet l’étude des êtres fantastiques repérés dans la Folkloristique en s’appuyant sur les acquis de l’Anthropologie Neuro-Cognitive. Ce cadre nous a permis d’analyser les pouvoirs multisensoriels de nos super-héros en termes d’intuitions, contre-intuitions et sur-intuitions, pour mieux approcher les mécanismes cognitifs qui fondent l’imaginaire des auteurs qui nous proposent ces héros tout autant que l’imaginaire de ceux qui y adhèrent.
Batman, justicier costumé en chauve-souris, intègre dans sa lutte contre le crime les représentations de cet animal dans ce qu’il a de plus ambivalent dans nos imaginaires. Il reste toutefois incapable d’employer dans sa fiction une perception biologique naturelle du chiroptère : l’écholocation animale. Bien que connue du grand public, cette capacité demeure dans son fonctionnement trop contre-intuitive pour être représentée avec justesse dans les récits.
Daredevil nous permet de poursuivre notre approche de la multisensorialité, avec le cas d’un justicier aveugle aux capacités perceptives et attentionnelles décuplées. Mais ce « super-aveugle » est incapable d’avoir recours à la compétence sur-intuitive de l’écholocation humaine, une compétence qui semble au final dépendre très contre-intuitivement des aires corticales visuelles plutôt que des aires auditives (depuis Thaler et al., 2011).
Superman enfin possède a priori tous les pouvoirs, mais est particulièrement reconnu par sa capacité à voler sans contraintes. Cette capacité nous a conduit à rechercher dans quel incubateur neural d’ontologies fantastiques le récit puisait la composante génératrice de ce si célèbre pouvoir de vol aptère. Nous avons pour cela dû faire appel aux expériences hors-du-corps (Out-of-Body Experiences ou OBE), rapportées de longue date et universellement dans les narrations d’expérience, et dont l’émergence n’a été vraiment comprise sur le plan neural que récemment (cf. les expériences de stimulation corticale de Blanke et al., 2002). Nous proposons une approche qui permet d’unifier la Formation de l’esprit scientifique de Bachelard (1938), qui donne les bases d’une épistémologie de la contre-intuition, avec sa poétique. Car nous avons pu requalifier la poétique de L’Air et les songes (1943), dans ses apports fondamentaux ? ici le vol onirique aptère ?, de sur-intuitive. Ce vol sans ailes trouve par ailleurs un réel terrain d’expression par le mouvement imaginé dans les mondes virtuels et l’expérience de corps dissocié dans la Réalité Virtuelle.
Composition du jury
Marie-Agnès Cathiard (Maître de conférences HDR, Université Grenoble Alpes, directeur de thèse) ; Estelle Doudet (Professeur, Université Grenoble Alpes, examinateur) ; Sylvie Freyermuth (Professeur, Université du Luxembourg, rapporteur) ; Roland Lehoucq (Cadre scientifique des EPIC CEA-IRFU Saclay, examinateur) ; Philippe Walter (Professeur émérite, Université Grenoble Alpes, examinateur).
Date
On 8 December 2017
Complément date
13h00
Localisation
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Complément lieu
Salle Jacques Cartier
Maison des Langues et des Cultures
Maison des Langues et des Cultures
Directrice de thèse
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