- Share
- Share on Facebook
- Share on X
- Share on LinkedIn
Appel à propositions / Recherche
From 3 September 2018 to 31 October 2018
La composante CINESTHEA lance un appel à contributions pour une journée d'étude, organisée le 6 mars 2019 à l'Université Grenoble Alpes, qui abordera la question de la puissance de l'image absente au cinéma.
Que se passe-t-il quand l'image, censée figurer, disparaît ? La rhétorique, fût-elle visuelle, n'évoque jamais la possibilité d'exprimer une idée, une sensation, un sentiment, sans donner le comparant. Les films pourtant sont souvent travaillés par une référence implicite qui fonctionne sur le mode de l'analogie, par un comparant qui n'est explicité ni par l'image ni par les mots, du moins dans tel segment du film, mais qui se donne à lire en creux, à de fragiles indices, et qui façonne l'œuvre à différents niveaux.
[…]
Cette présence particulière d'une image apparemment in absentia requiert donc notre attention, que ce soit pour mesurer la puissance cinématographique de telle ou telle image « absente », sa signification dans une œuvre, ou pour analyser le mécanisme lui-même, pour cerner la façon insensible dont des idées ou des sentiments s'insinuent en nous au cinéma. La question des usages esthétiques, historiques, de la figure est une autre approche possible : la métaphore « dans l'image et sans montage » est-elle davantage utilisée dans le cinéma moderne que dans le cinéma classique et, a fortiori, le cinéma muet, par exemple ? Ces pistes, nullement exclusives d'autres approches, permettront ainsi de montrer un peu mieux comment le cinéma peut être, selon le mot de Godard, une « forme qui pense ».
[…]
Cette journée d'étude pourra fournir ainsi l'occasion d'une réflexion sur le mécanisme de l'interprétation : celle-ci est d'une certaine façon toujours projetée (Gadamer), on donne du sens, mais l'œuvre n'accueille pas de la même façon toutes ces interprétations ; la présence effective d'une image absente semble précisément se mesurer à l'aune du dialogue qui s'établit alors avec l'œuvre, à tous ces traits qui se trouvent réveillés par l'hypothèse de telle ou telle analogie implicite – toute métaphore vive pouvant être filée et, d'une certaine façon, y invitant. L'analyste, dont l'activité consiste généralement à réveiller la belle endormie, ne débusque-t-il pas souvent des comparants implicites ? Mais, pour fréquent que soit ce geste lui aussi, il est peu interrogé comme tel : dans quelle mesure peut-on considérer que l'image appartient respectivement à l'œuvre et à l'interprète, dans la dialectique féconde qui s'instaure ici ?
Se pencher sur la métaphore au comparant in absentia ouvre enfin l'interrogation sur la genèse du film : sans même parler des ressemblances qui peuvent présider inconsciemment au processus de création, des analogies sont parfois présentes dans les états préparatoires du film qui n'apparaissent plus dans l'œuvre achevée, ou n'y sont pas sensibles. Que reste-t-il de ces analogies apparemment effacées par la réalisation ou le montage ? Faut-il dire que la « greffe métaphorique » a pris, que le corps nouveau s'est fondu dans le corps hôte et, si oui, avec quels enjeux ? Quelle place accorder par exemple à la « structure mythique » de certains films, tel La Ligne Générale de S. M. Eisenstein pensé sur le modèle des romans de Zola ou d'Ulysse de Joyce en référence à des mythes, ou aux analogies déployées dans de nombreux films avec Hamlet ou avec Crime et Châtiment, qui inspirent le dessin des personnages comme le scénario ? Quelles traces ces sources d'inspiration qui structurent l'œuvre laissent-elles ? et avec quel degré de présence, quelle puissance, quel impact, dans l'œuvre achevée ?
Modalités
Les propositions (300-600 mots), accompagnées d'une courte notice bio-bibliographique, sont à adresser jusqu'au 31 octobre 2018 à jean-baptiste.renaultuniv-grenoble-alpes.fr (Jean-Baptiste Renault) (Litt&Arts, CINESTHEA).
Date
Contact
Télécharger
- Share
- Share on Facebook
- Share on X
- Share on LinkedIn