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Recherche
Le projet CHOROS s'intéresse au chœur antique et vise à articuler recherche, création et pédagogie autour de la question du chœur comique, à partir d’un travail sur une comédie d’Aristophane “Ploutos” – ou “l'Argent”, qui en est largement dépourvue.
L’historien de l’Antiquité Paul Veyne louait jadis les vertus de « l’anachronisme contrôlé ». Le projet CHOROS, au-delà même du reenactment, revendique cet anachronisme et vise délibérément à « faire dialoguer des temps hétérogènes » (Anne Bénichou), pour mieux comprendre aussi bien le temps présent – qu’est-ce que faire chœur aujourd’hui ? – que le passé – comment, pourquoi le quotidien des Athéniens du Ve siècle s’articulait-il autour de ce dispositif collectif ? L’approche par la création permet en effet de faire de l’histoire du théâtre autrement. Loin de la reconstitution historique, de toute façon illusoire, l’accent est mis sur l’artificialité du processus, stimulant ainsi le regard critique ; cela passe notamment par l’entremêlement des langues, grec ancien et langues parlées aujourd’hui.
La tradition manuscrite n'a transmis que quelques rares parties chorales de cette comédie tardive : le travail mené avec les étudiant·es du séminaire « Réception de l'Antiquité » du Master ALC parcours Sciences de l'Antiquité (UGA) a consisté à en créer de nouvelles, à la manière d'Aristophane, à partir de l’observation des chœurs conservés d’autres comédies et de l’analyse des réalisations scéniques auxquelles ils ont donné lieu depuis l’Antiquité. Puis, au cours d'ateliers scéniques menés par Magdalena Bournot (post-doctorante GATES UGA), Laure Lehmann et Matteo Capponi (université de Lausanne), nous avons travaillé sur le collectif et ce que c'est que de « faire chœur » en scène. Une première séance a été consacrée à la Parodos, ou entrée du chœur, et une seconde à la Parabase, ce moment caractéristique de la comédie ancienne qui voit le chœur s’adresser au public pour aborder, parfois avec une certaine brutalité, des questions politiques mais aussi poétiques. Entre Gilets jaunes, réformes des retraites, crise des agriculteurs et références à Baudelaire, le texte élaboré combine plusieurs colères très contemporaines et malmène avec facétie les spectateurs.
Une première représentation du spectacle issu de ce travail, Ploutos dieu du pognon, a eu lieu à l’université de Lausanne le 1er mai 2024 dans le cadre du Festival étudiant Fécule 2024. Le chœur grenoblois a été accueilli par les comédien·nes étudiant·es de la compagnie TALMA, qui travaillaient également sur le Ploutos depuis janvier avec Matteo Capponi ; le texte mêlait la réécriture de Matteo Capponi aux parties chorales inventées à Grenoble. Le 30 mai, une seconde représentation a eu lieu à Grenoble, à l'occasion du colloque « Aristophanes after Babel », consacré aux traductions et mises en scène du Ploutos depuis le XVe siècle.
Le projet CHOROS est piloté par Malika Bastin-Hammou à l’UGA et Matteo Capponi à l’UNIL. Il est financé par la SFR Création, l'Axe 3 de l'UMR Litt&Arts et l'UNIL.
Article rédigé par Malika Bastin-Hammou
Le manuscrit de Ravenne, qui indique la place de parties chorales
dont le texte ne nous est pas parvenu
Le chœur des étudiant·es grenoblois·es (Photo Malika Bastin-Hammou)
La Parabase (Photo Michel Morin)
Contact
malika.bastinuniv-grenoble-alpes.fr (Malika Bastin-Hammou)
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