Les politiques culturelles en Europe face au défi de la démocratie participative

La crise de la représentation politique nourrit en Europe un désenchantement croissant à l’égard des systèmes démocratiques, tant dans les vieilles démocraties que dans les pays où l’obtention du droit à des élections libres est plus récente. Dans ce contexte, les pouvoirs publics tendent à envisager la participation des « citoyens ordinaires » à la préparation et à la prise de la décision publique comme un moyen d’accroître la légitimité de cette dernière et de revitaliser la démocratie. Des dispositifs de concertation et de participation citoyennes se développent ainsi dans différents champs de l’action publique, en lien notamment avec des questions d’aménagement urbain et d’environnement.

Les politiques culturelles sont elles aussi fortement concernées par cette évolution. Compte tenu de l’objectif de démocratisation culturelle qu’elles poursuivent, elles se soucient de longue date d’élargir la participation de la population à la culture en tant que public. Elles affichent aussi désormais une volonté accrue, en lien notamment avec la reconnaissance des droits culturels, d’œuvrer en faveur d’une diversification des modes d’implication dans la vie artistique et culturelle. Cela se traduit par un encouragement, plus ou moins marqué selon les pays et les territoires, des pratiques de consultation et de co-construction des projets culturels avec des « profanes », et non plus seulement avec des experts reconnus dans le champ culturel.

Organisée en partenariat avec l’Observatoire des politiques culturelles, notre journée d’étude vise à examiner cette impulsion en faveur de la démocratie participative dans l’action culturelle publique, et à en interroger les manifestations et les limites, en tenant compte des contextes nationaux et transnationaux concernés. Dans quelle mesure l’impératif participatif irrigue-t-il les politiques culturelles développées, d’une part dans divers pays et territoires européens (Espagne, Belgique, France, Europe de l’Est et Balkans notamment), et d’autre part à l’échelle de l’Union européenne ? Quels dispositifs de participation s’y trouvent mis en œuvre, tant au niveau de la construction des politiques publiques de la culture, qu’à celui de l’élaboration des programmations et de la création des œuvres ? Avec quels participants, et quels niveaux d’implication dans la prise de décision ? C’est avec l’aide des spécialistes des politiques culturelles de différents États européens et de l’Union européenne qui interviendront au cours de la journée que nous nous saisirons de ces questionnements.