Séminaire

Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire

Le Musée urbain Tony Garnier est une expérience muséographique originale, située au cœur d’un vaste quartier populaire et d’habitations à loyer modéré dans le 8^e arrondissement de Lyon. Un établissement étonnant créé par l’action d’habitants « ordinaires » et d’un collectif d’artistes, une coopérative de muralistes nommée Cité Création. L’étude de cette expérience originale possède un double intérêt. Elle permet d’une part de comprendre ce qu’induit un processus de création culturelle sur les comportements et les interactions sociales des habitants des quartiers populaires. D’autre part, elle permet d’apprécier la manière dont les appropriations inévitables par un univers professionnel et culturel, la transforme, la standardise et pour finir neutralise son caractère politique. Je vous montrerai comment le processus de reconnaissance institutionnelle prive, probablement involontairement, l’association de sa particularité. Celle de l’implication d’acteurs ordinaires qui expriment dans une production culturelle une critique sociale du champ patrimonial.

Alain Chenevez est Maître de conférences HDR en socio-anthropologie à Dijon (Université de Bourgogne). Il est rattaché au département Denis Diderot pour ses enseignements et au laboratoire LIR3S (UMR 7355 – CNRS) pour ses recherches. Il a dirigé le Musée urbain Tony Garnier entre 2004 et 2008 et ses travaux s’intéressent actuellement au lien entre le développement d’établissements culturels et celui de la ville.

En pratique

Séance publique sous réserve d’inscription (places limitées) organisée en présentiel et à distance.
Pour s'inscrire, contacter Florent.Gaudezuniv-grenoble-alpes.fr (Florent Gaudez) – Objet du mail : « Conférence Alain Chenevez ».

• En savoir plus sur Le Musée urbain Tony Garnier à Lyon. Une démocratie patrimoniale et culturelle ?

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L’histoire vivante, notamment médiévale, est une activité de loisir qui vise à mettre en vie le passé, à travers la matérialité et la corporéité. Dans ce cadre, le langage occupe une place centrale puisqu’il oscille entre passé et présent. En effet, si les sources laissent deviner des termes techniques et des langues anciennes qu’il faut apprendre à décoder, le vocabulaire de la pratique contemporaine contribue, pour sa part, à former une communauté. Il s’agira ainsi de comprendre comment peut se recréer l’Histoire, en particulier à partir d’un questionnement portant sur le langage.

Audrey Tuaillon Demésy est Maîtresse de conférences HDR en STAPS à l’Université de Franche-Comté. Ses recherches portent sur la socio-anthropologie des loisirs alternatifs contemporains et des imaginaires du temps. 

En pratique

Séance organisée en présentiel et à distance.
Pour participer en ligne : lien Zoom.

• En savoir plus sur Le Moyen Âge vécu aujourd'hui : des sources primaires au langage de l'histoire vivante. Regard sociologique sur les recréations de l'Histoire → annulé

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Laurence Picano-Doucet nous proposera une lecture des poèmes tristaniens français sous l’angle de la question de la « crise » : après avoir fait une revue des « crises » qui secouent le royaume, la société et les couples, elle insistera davantage sur la manifestation de la crise à travers les reproches dans les « dialogues » / monologues.

Après avoir défini le terme « reproche », elle présentera les relevés lexicaux du substantif dans le corpus ; cela permettra de faire un bilan sur les formulations de ce mot et le contexte dans le récit.

Elle présentera ensuite plus en détail l’analyse du reproche dans deux épisodes particulièrement célèbres qui font intervenir Yseut en premier plan : la dispute entre Brangien et Yseut et les regrets de Yseut dans la forêt de Morrois.

Laurence Picano-Doucet est docteure de l'UGA, spécialité Lettres et arts – Recherches sur l'imaginaire, associée au centre ISA (Imaginaire et Socio-Anthropologie) de l'UMR Litt&Arts. Son sujet de recherches porte sur les écritures secrètes magiques dans les romans antiques et la matière de Bretagne du Moyen Âge français (XII^e-XII^e siècle). Elle s’intéresse également à la question de la narration, des savoirs secrets et de leur transmission, et de la pratique magique dans l’écriture. 

• En savoir plus sur Tristan et Yseut : crises en série à la cour du roi Marc

À distance

Marquée par la sacralisation de la création ainsi dématérialisée, la recherche littéraire s’est longtemps opérée en dehors de toute prise en compte de questions matérielles et contextuelles considérées comme indignes, en particulier la fonction déterminante des supports de publication et des modalités de circulation de l’écrit dans la genèse des formes et des faits culturels. Or ce qu’on appelle, notamment depuis la parution d’un ouvrage collectif essentiel, « la civilisation du journal » (D. Kalifa, P. Régnier, M.-È. Thérenty et A. Vaillant [dir.], La Civilisation du journal, Éditions du Nouveau Monde, 2012), a donné au support périodique un rôle matriciel, faisant du périodique un véritable laboratoire formel, soit qu’il réinvente des formes canoniques, soit, souvent avec humour, qu’il en imagine d’autres, inventives et inédites. Durant cette séance, et via l’exploitation d’un corpus concernant aussi bien le roman, la poésie, ou des microformes peu connues, on se propose de faire la synthèse de ces questions, et d’ouvrir la réflexion sur les conséquences de cette nouvelle prise en compte des supports sur la façon d’envisager l’histoire de la littérature.

En pratique

Séance organisée à distance : lien Zoom.

• En savoir plus sur Journal et « mutations » génériques : les laboratoires médiatiques du XIXe siècle

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Durant les deux décennies qui précèdent le coup d’état de 1973, à Santiago du Chili, un des centres névralgiques de désignation, valorisation et reproduction des pratiques culturelles était le champ universitaire. Ceci pouvait s’expliquer par le poids symbolique et organique de l’univers universitaire dans la configuration de la culture chilienne contemporaine, c'est-à-dire par la création d’une hégémonie absolue de la distribution du capital culturel, déterminé par les protocoles légitimes de circulation de catégories de reconnaissance et prestige culturel. 

Survenu le coup d’état qui met fin au gouvernement démocratique de La Unidad Popular le 11 septembre 1973, le régime militaire aspirera à élargir son réseau de contrôle tout au long du l’ossature institutionnelle du Chili, ce qui inclut l’institution qui représentait toute la conduite nationale du mouvement des idées, à savoir : le champ universitaire. 

Dans ce contexte nous essaierons de décrire et de comprendre l’articulation et la naissance d’un sous-champ de production artistico-culturel, avant-gardiste, en dehors du champ universitaire occupé, au sein duquel la théoricienne culturelle Nelly Richard catégorisera et situera dans le cadre d’une histoire de l’art chilienne le concept de Escena de Avanzada. Celle-ci, au travers de l’expression artistique militante d’un groupe d’artistes visuels, écrivains et philosophes, essaiera de renouveler les codes esthétiques existants et de résister au pouvoir militaire à travers des nouvelles formes d’expression et, in fine, de critiquer toute logique autoritaire institutionnelle imposée par la dictature militaire.

Pablo Venegas De Luca est ATER au département de Langues Etrangères Appliquées (LEA) et enseignant en espagnol à l'UFR Langues Etrangères à l'UGA ; docteur en sociologie associé au laboratoire ILCEA4 – équipe CERHIS (Centre d'études et de recherches des hispanistes de l’UGA) ; docteur en sociologie associé au centre ISA (Imaginaire et Socio-Anthropologie) de l'UMR Litt&Arts ; docteur en sociologie de l’UGA après un Master 2 de recherche en sciences humaines et sociales, production et médiation des formes culturelles suivi à l'UGA ; sociologue de l’Université ARCIS de Santiago du Chili. Il est membre du comité de rédaction de la revue de sociologie de l’art A contrahilo publiée par la faculté de sociologie de l’Université du Chili. Sa dernière publication (à paraître) est Sociologie de l’art en Amérique Latine. Regards croisés d’une discipline naissante (avec D. Sierra et M. Facuse), revue Sociologie de l'Art – Opus 36.

En pratique

Séance publique sous réserve d’inscription (places limitées) organisée en présentiel et à distance : lien Zoom.
Pour s'inscrire, contacter Florent.Gaudezuniv-grenoble-alpes.fr (Florent Gaudez) – Objet du mail : « Conférence Pablo Venegas De Luca ».

• En savoir plus sur Coup d’état et démantèlement du champ universitaire. Vide culturel et naissance d’un champ de savoirs informels : La Escena de Avanzada

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Dans le roman colonial pour la jeunesse au XIX^e siècle, vaste corpus de romans d’aventures dont l’action est située dans les colonies, la forêt et la jungle occupent une place prépondérante. Nous nous proposons d’analyser la frontière qu’elles constituent entre le monde « civilisé » et le monde « sauvage ». Nous examinerons aussi leur caractère profondément ambigu, en ceci qu’elles représentent une frontière qu’on ne saurait franchir sans aller au-devant de graves dangers ; pour autant, il est absolument nécessaire de le faire pour les besoins de l’expansion coloniale. Enfin, la forêt est un territoire dont l’intérêt romanesque réside dans l’évolution de la psychologie des personnages : au plus ceux-ci s’enfoncent dans les profondeurs de la jungle, au plus ils sont mis à rude épreuve par le climat, la faune, les autochtones et leur prétendue « sauvagerie »… Le voyage dans la forêt devient alors un voyage intérieur, où il faut dépasser ses propres limites pour survivre dans un environnement hostile.

En pratique

Séance organisée sur place et en ligne.
Pour participer en ligne cliquez sur ce lien.

• En savoir plus sur L’imaginaire de la forêt africaine dans le roman colonial pour la jeunesse au XIXe siècle

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La présence de passages mathématiques dans des textes littéraires introduit, pour un lecteur ou une lectrice sans expertise particulière, une altérité linguistique, sémiotique et parfois graphique dans le cas des formules et équations. Je propose dans cette communication quelques éléments de réflexion pour penser un imaginaire du langage mathématique à partir des représentations, savoirs et croyances qui y sont attachés selon des niveaux variés de maîtrise. Il s'agira d'évoquer les notions théoriques à même de décrire ses enjeux et fonctionnements, ainsi que certains effets poétiques de son usage.

En pratique

Séance organisée en présentiel et à distance.
Pour participer en ligne : lien Zoom

• En savoir plus sur Signes, langues, écritures. Éléments pour un imaginaire du langage mathématique

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L'historien Jacques Le Goff a défini le Roman de Renart (RdR) comme « épopée de la faim et de la ruse » ; la faim peut être analysée du point de vue narratif comme un état de manque qui génère une crise, laquelle crise exige pour sa résolution un déplacement et une quête. Ce schéma simple (manque - quête - effacement du manque) intervient dans l'univers spécifique du RdR, qui n'est ni celui du merveilleux, ni celui du fantastique, mais qui est l'univers de la fantaisie générée par la « double appartenance » des personnages.

Dans un premier temps on examinera les récits du RdR (les « branches ») pour lesquels la faim agit comme un déclencheur (moteur initial) du récit ; cet état de crise affecte majoritairement le héros éponyme, quelquefois un autre personnage et le récit peut aussi démarrer avec le choc de deux faims.

Puis on examinera les cas où la crise n'agit pas comme élément qui lance le récit, mais comme moteur de relance du récit (menacé de blocage et d'extinction).

Enfin on s'intéressera aux différentes modalités de résolution de la crise par appropriation (totale, partielle ou nulle) et éventuellement consommation de la nourriture convoitée ; ces modalités de résolution de la crise sont évidemment partie prenante dans le jeu sur la double isotopie des personnages (double isotopie qui crée la fantaisie typiquement renardienne) : la résolution de la crise initiale devient tout au long du récit à la fois instrument et indice de la métamorphose illusoire des personnages renardiens !

• En savoir plus sur La faim comme élément déclencheur du récit dans le Roman de Renart

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À la croisée des deux activités menées par Henry Torgue, la pratique musicale et la recherche scientifique sur les vécus de l’urbanité, se retrouvent deux notions : l’ambiance, comme situation à la fois matérielle et sensible, conçue et éprouvée ; et la composition, comme modalité de configuration d’images, de pensées et d’espaces. C’est en puisant dans ses diverses expériences professionnelles qu’Henry Torgue construit une réflexion transversale qui, à partir de ces deux notions, propose une mise en dynamique de l’imaginaire contemporain.

Henry Torgue est chercheur et compositeur. Passionné par tout ce qui s’écoute, il mène une double vie : compositeur pour la danse contemporaine et l'audiovisuel (notamment pour Jean-Claude Gallotta, Carolyn Carlson, Philippe Genty, Raoul Ruiz…), il a enregistré 20 albums édités et interprété son récital de piano solo dans plus de 30 pays. Sociologue, diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Grenoble, docteur en Études urbaines, HDR en Aménagement, il a écrit plusieurs ouvrages sur les ambiances sonores de l’environnement urbain, devenant un spécialiste de ce champ de recherche. De 2006 à 2015, il a dirigé l'UMR CNRS Ambiances architecturales et urbaines au sein de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble.

Toujours curieux des rencontres entre artistes et scientifiques, il est associé depuis près de vingt ans aux productions du groupe artistique Laboratoire qui édite la revue Local.contemporain sur les images et les temporalités de notre époque et a développé le cycle Paysage>Paysages. Son dernier ouvrage paru s'intitule Le sonore, l’imaginaire et la ville. De la fabrique artistique aux ambiances urbaines (Paris, L’Harmattan, 2012) et son dernier album Place Tahrir (avec le conteur Jihad Darwiche, CD audio, Oui'Dire, 2016).

En pratique

Séance publique sous réserve d’inscription (places limitées) auprès de Florent.Gaudezuniv-grenoble-alpes.fr (Florent Gaudez), organisée en présentiel et à distance.

• En savoir plus sur Ambiance et composition

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La littérature d’anticipation et la variété de ses formes à la Belle-Epoque – roman vernien, textes utopiques, petite presse médiatique – imaginent régulièrement la ville en anticipant ses formes ou son organisation à venir. Mais ces fictions – nourries par l’épistémologie scientifique du XIX^e siècle – font souvent plus qu’anticiper ces espaces imaginaires, elles souhaitent les expérimenter, en fournissant un cadre littéraire à prétention scientifique. En nous appuyant principalement sur l’étude de la poétique romanesque – aventure géographique et scientifique pour la jeunesse et textes utopiques –, nous nous proposons d’étudier les formes d’usage scientifique du roman à la Belle-Epoque, régulièrement appréhendé dans un rêve de fiction pragmatique, et créant la possibilité d’un laboratoire textuel où expérimenter l’évolution des grandes agglomérations humaines et de ses lois.

Kevin Pelladeaud est doctorant en troisième année de thèse à l'UMR Litt&Arts. Il est agrégé de lettres modernes, ancien normalien de l’ENS de Lyon et membre du projet Urbanature (Université Gustave-Eiffel/Marne-la-Vallée) qui étudie les rapports entre ville et nature dans la littérature du XIX^e et XX^e siècle. Ses travaux de thèse, sous la direction de Delphine Gleizes, portent sur la prospective et l’iconographie urbaine au sein de la littérature dite « d’anticipation » entre 1870 et 1914. Sa recherche porte plus précisément sur le croisement des discours littéraires et urbanistiques, ainsi que sur la construction textuelle de l’espace urbain, au cœur des sociabilités politiques, éditoriales et médiatiques d’une Belle-Époque connaissant les débuts de l’urbanisme moderne.

• En savoir plus sur Fictions d’anticipation et expérimentation de l'espace urbain à la Belle-Époque (1880-1914)